Une visite guidée à la Villa Vauban pour admirer les oeuvres d'un artiste rare et méconnu luxembourgeois Charles KOHL.
La Villa Vauban met à l’honneur l’imposant Guerrier blessé (1956), qui a valu à Charles Kohl l’honneur du prix Grand-Duc-Adolphe – un second suivra en 1962. Touché de deux flèches, dont l’une en plein cœur, son soldat est en train de mourir.
Le symbole d’une peur et d’un désespoir pour l’artiste, avec cette sculpture impuissante, dont le bouclier ne sert qu’à encaisser les coups, mais jamais à en donner.
En réponse, ses saltimbanques (voltigeurs, acrobates, dresseurs de destriers…) ne cherchent qu’à prendre de la hauteur, repousser les limites, basculer dans la démesure. «C’est une forme d’exagération», confiait Charles Kohl.
Il jongle avec les matériaux (bois, marbre, plâtre, bronze, argile…), saute de l’abstrait au figuratif, et, encore une fois, s’impose de ne pas choisir entre la sculpture et le dessin.
Malgré ces allers-retours, les affinités persistent : celles pour les bandages, cordes et voiles, qui enserrent les silhouettes, peinant à se libérer de leur coquille, aveuglées et drapées comme les Amants de Magritte.
Ces bustes, aussi, à l’épiderme en écorce ou en écaille, soulignés par un léger halo de lumière.
Regard sans vie de ces orbites creux, ces fantômes muets, ces visages sans bouche ou, au contraire, affichant uniquement un sourire narquois, alors que tout semble s’écrouler autour d’eux.
Ces corps qui fourmillent, s’empilent, quand ils ne se perdent pas dans la disproportion, gonflés à en rendre la tête toute petite.
N’oublions pas, dans la panoplie, les stèles et monuments visibles dans tout le pays (Luxembourg, Contern, Diekirch, Ettebruck…), dressés vers le ciel tel d’étranges totems. Rappelons également au passage sa contribution au «Monument aux morts» du musée de la Résistance à Esch-sur-Alzette (1956).
«L’art est plus profond que de représenter une belle chose en soi. Je ne sais pas si ce que je fais est violent, ou choquant. Mais il suffit de regarder autour de nous pour voir des gens qui souffrent, peinés.» Charles KOHL
Villa Vauban – Luxembourg. Jusqu’au 17 janvier 2021.
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